La trilogie de la gare

I

dans la gare d’Amsterdam
j’attends le train pour… est-ce
important pour où
partout le chemin de fer
partout les courants d’air

je suis gelée le temps est  à l’orage
je me chauffe les mains à la  tasse
de café déjà tiède
partout le chemin de fer
partout les courants d’air

frissons dans le dos la pluie
persiste sur toute l’Europe
lire des poèmes
partout le chemin de fer
partout les courants d’air

quelqu’un soupire – te souviens-tu
encore de moi
un autre s’informe du quai
partout le chemin de fer
partout les courants d’air

et il n’y a pas de réponse

 

II

dans la gare à Bruxelles
correspondance pour… est-ce
important pour où
tous se bagarrent
tous ont le cafard

trempée sous le ciel gris
je me chauffe les mains à la tasse
d’un autre café
tous se bagarrent
tous ont le cafard

frissons dans le dos la pluie
persiste sur  toute l’Europe
écrire des poèmes
et encore le chemin de fer
et encore les courants d’air

quelqu’un est cafardeux – peut-être qu’un jour
tu
comprendras
que je t’aimais vraiment
tous ronchonnent
tous fredonnent

et il n’y a pas de réponse

 

III

dans la gare à Paris la foule
peut-être suis-je revenue vers… est-ce
important vers quoi
lumières et dorures
et partout des ordures

je sombre dans le  brouillard gris
je réchauffe mon cœur au verre
de vin blanc
lumières et dorures
et partout des ordures

 de la boue dans le dos boue
persistante dans toute l’Europe
se souvenir de poèmes
lumières et dorures
et partout des ordures

quelqu’un fredonne – cette boue est faite
de combien de larmes et de combien
de soupirs le brouillard d’hier
tous ronchonnent
tous fredonnent

lumières et dorures
et partout des ordures
partout le chemin de fer
partout les courants d’air

et il n’y a pas de réponse

plutôt les chemins de fer
plutôt les courants d’air
que patauger dans ta boue
faite de tant de larmes
et dans le brouillard d’hier
fait de tant de soupirs

Traduction du polonais par Alain van Crugten

 

Le Grand Prix  du XXV Concours Poésie Maria Pawlikowska – Jasnorzewska 2018  (Pologne)